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11. — BACHE

Fantoche taillé au couteau par un prisonnier artiste, il a l’allure des bonshommes à la sanguine de Watteau, porte des habits de son grand-père et n’est pas superstitieux. Quand on le regarde de face, on le voit de profil. Son nez est une ligne géométrique. Il donne l’idée d’un spectre élégant qui aurait gardé les grandes façons de l’ancienne cour, tout en professant les « immortels principes de 89 ». Bache est en deuil de Sophie Arnould, et, à cause de cela, ne quitte pas l’habit noir. S’il avait des jambes, elles seraient fines ! Mais Bache est un pur esprit, qui chante et joue la farce. Comme il faudrait être myope pour le confondre dans la rue avec le docteur Véron !


12. — DÉJAZET

Une joie, une gaieté, un délire, une raillerie, une chanson, vingt ans éternels, la fatuité de Lauzun, l’esprit de Richelieu, la curiosité de don Juan ! Ces regards savent tout ; si elles le voulaient, ces lèvres minces et longues pourraient tout dire. L’œil est petit, charmant, effronté, le front pensif, le menton malin, la femme