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et la charrue, et bon pour la bataille. les malheureux sont damnés, -c’est ainsi ! et leur fardeau n’est jamais adouci. les moins meurtris n’ont pas le nécessaire. le froid, la pluie et le soleil aussi, aux pauvres gens tout est peine et misère.

LOYSE, douloureusement.

ah ! Mon dieu !

GRINGOIRE.

écoutez encore ! le pauvre hère en son triste séjour est tout pareil à ses bêtes qu’on fouaille. vendange-t-il, a-t-il chauffé le four pour un festin ou pour une épousaille, le seigneur vient, toujours plus endurci. sur son vassal, d’épouvante saisi, il met sa main comme un aigle sa serre, et lui prend tout en disant : " me voici ! "

LOYSE, qui tombe à genoux en sanglotant.

ah !

GRINGOIRE, avec une joie folle.

vous pleurez !

LOYSE, avec élan.

aux pauvres gens tout est peine et misère !

GRINGOIRE.

ô Dieu !

LOYSE, allant à Gringoire et le regardant avec une curiosité émue.

et celui qui parle ainsi d’une voix si fière, si éloquente, tendrement indignée, est le protégé du roi ! Pourquoi donc pensiez-vous que je ne pourrais pas l’aimer ?

GRINGOIRE, amèrement.

pourquoi ?