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mais ayant le courage de penser haut et de dire la vérité à tous, même au roi, -

GRINGOIRE, un peu ébranlé.

ah ! Ce sont là vos façons !

OLIVIER-LE-DAIM.

Mais, puisque je me suis trompé, dieu vous garde, messire Gringoire. Voici la porte de la rue.

GRINGOIRE, avec regret.

quitter ce logis, ces parfums ! Sans avoir mangé !

OLIVIER-LE-DAIM.

C’est vous qui le voulez bien.

GRINGOIRE.

C’est le supplice de Tantalus, qui avait volé un chien d’or en Crète ! J’ai cent fois plus faim que tout à l’heure. (avec désespoir.) messires…

OLIVIER-LE-DAIM.

N’en parlons plus. Quittons-nous sans rancune. (il le pousse vers la porte.)

GRINGOIRE, désolé.

oui.

OLIVIER-LE-DAIM.

Notre pauvre souper, qui restera avec sa courte honte ! Admirez cette oie.

GRINGOIRE.

L’eau m’en vient à la bouche.

OLIVIER-LE-DAIM, prenant le plat sur la table et le montrant à Gringoire.

voyez quelle chair grasse et succulente ! (il s’approche de Gringoire et lui passe le plat sous le nez.)

GRINGOIRE.

Suave odeur ! Ce seigneur a raison. Il pense librement, mais il a bon cœur. (entraîné par la faim.) allons, puisque vous l’exigez…