si brave, ce grand artiste, cet esprit universellement admiré ! Mais moi, ce fut d’une voix assurée, avec une allégresse infinie et en le regardant bien en face que je lui répondis : Oui, je le veux !
« Un mois plus tard, je portais le nom dont je suis si justement fière ! Ai-je besoin de vous le dire, mademoiselle, en sachant que Jean Saluce est un des hommes les plus illustres de ce temps, qu’il a pour ainsi dire créé dans l’art une forme nouvelle, et que, si jeune encore, il a mérité que son nom fût mis à côté de ceux des maîtres des plus grandes époques ; en apprenant aussi que, déjà riche par ses travaux, un héritage l’avait fait deux fois millionnaire, il ne m’a pas été possible de rien ajouter à la reconnaissance que je lui ai vouée au moment où il prononçait les mots que j’entendrai toujours résonner à mon oreille : Voulez-vous être ma femme ? ― Pour lui, non-seulement il ne doute pas que je l’eusse aimé pauvre, ignoré, malheureux comme je l’étais moi-même ; mais une telle supposition n’aurait pas de sens pour lui, car sa pensée puissante et lucide, qui est celle d’un inspiré, voit le vrai directement, et perce tous les voiles ! Et maintenant, dit Antonia en terminant, comprenez-vous, mademoiselle Eudore, pourquoi ma vie est toute à vous comme elle est toute à lui, et pourquoi j’ai le droit de demander à Dieu que vous soyez heureuse ! »
Après toutes les effusions que fit naître si naturellement le récit d’Antonia, ce fut au tour de Cléaz de