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CONSOMMATION


Quand Juin cruel nous brûle en ses autodafés,
Paris boit devant les cafés.
Lorsque le ciel, criblé de feux, mêle en ses voiles
Les becs de gaz et les étoiles,
Tout le Paris charmant, amoureux, endetté,
Sous les chaudes brises d’été,
Devant les cafés d’or absorbe des breuvages
Abominablement sauvages.
Là vieillards, jeunes gens, filles sous leurs toisons,
Dégustent d’étranges poisons
Que leur servent Léon, Anatole, Amédée,
Et qui feraient peur à Médée.
Ils goûtent ces boissons d’enfer, pleines de maux,
Qu’on hume avec des chalumeaux,