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POPULUS


C’était dans une rue affreuse, dont les murs,
Éventrés et pourris comme des fruits trop mûrs,
Sont envahis par l’eau dormante qui les mine,
Et s’affaissent, mangés de lèpre et de vermine.
Là, le soleil sinistre, épouvanté, hagard,
Éclaire tristement de son vague regard
Des pavés, des tessons et des écailles d’huîtres
Et des torchons pendus aux fenêtres sans vitres.
Là je vis, s’acharnant sur quelque vermisseau,
Dans la fange et la boue infecte du ruisseau,
Une poule caduque, impotente et sans plumes,
Sèche comme le fer qu’on bat sur les enclumes.
De plus, un de ses yeux avait été crevé.
Elle sautait à bonds tremblants sur le pavé,