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SEMPER ADORA


Ô Maître de la Lyre, aïeul, race d’Homère !
Hugo, quand tu vivais cette vie éphémère,
Devant le vaste flot que seul tu remuais,
Tes envieux restaient stupéfaits et muets.
Ils ne moissonnaient pas leur haine déjà mûre.
Et pâles, dans leurs seins, étouffaient leur murmure.
Maître, quand près de toi, dans un repas divin,
Nous te parlions, mangeant ton pain, buvant ton vin,
Quand nous goûtions, hélas ! vieille troupe écolière,
Tes entretiens charmants de bonté familière,
Dans notre souvenir devenus solennels ;
Quand tu nous regardais de tes yeux éternels,
Te garder, c’est le rêve enivrant que nous fîmes !
Eux pourtant, devant toi vaincus, domptés, infimes,