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SAGESSE


Le sage est retiré dans sa petite ville
Délivré des bavards et des sots, tourbe vile,
Et s’est dit, en voyant le monde : Allons-nous-en !
Comme il fut jadis bon soldat, bon artisan,
Et que ses actions furent une prière,
Sans nulle défaillance il regarde en arrière,
Et loin des appétits hagards et furieux,
Il écoute venir l’instant mystérieux.
Sitôt que l’aube rose est au ciel apparue,
Il fume à sa fenêtre ouverte sur la rue ;
Il voit passer d’abord les ânes des âniers,
Puis les femmes portant des fruits dans leurs paniers.
Puis, il va faire un tour bien loin, dans la campagne ;
Toujours la Solitude est sa chère compagne,