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Et Pulchérie alors montrait ses cheveux roux
Que le fauve soleil baise, non sans courroux,
Sa bouche en fleur, toujours convulsée et tordue
Par quelque haine au fond de l’âme répandue,
Son cou mordu par les baisers, ses yeux pervers
Où roule un sable d’or frissonnant, ses yeux verts,
Son visage de Nymphe heureuse, où tous les vices
Ont traîné leur caresse et laissé leurs sévices.
Elle disait : Je suis si belle, cher amant !
Elle parlait ainsi voluptueusement
Et s’enivrait du son de sa voix imbécile,
Comme, dans la campagne, un pâtre de Sicile
Se réjouit du miel suave de l’Hybla.
Mais alors le crapaud mystérieux sembla
Dire, en levant les yeux vers sa fine chaussure
Et vers ses bas pourprés : Si belle ! En es-tu sûre ?


Jeudi, 17 mars 1887.