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pour modèle. Une véritable actrice doit pouvoir jouer Juliette et Lady Macbeth, Iphigénie et Ériphile, Chimène et Pauline, et par conséquent ne doit être ni blonde ni brune. Aussi Sarah Bernhardt, avec son beau teint de Hollandaise, n’est-elle ni blonde ni brune ; car ses cheveux sont blonds si elle les mouille, et bruns si elle les pommade ! et, de plus, si bien frisés, ondés et crespelés naturellement en tignasse idéale et en divine crinière de Déesse, à la façon de la chevelure de Diane de Poitiers emmêlée par Jean Goujon, qu’il n’y a qu’à y fourrer le poing et à y planter une épingle pour leur imposer la plus élégante et la plus compliquée de toutes les coiffures. Que Henri Heine ne l’a-t-il connue lorsqu’il a peint dans Atta Troll son Hérodiade ! Avec quel amour il eût copié sur son visage de reine de Cappadoce ou de Néréide, qui fait songer à la nacre des mers, son front étroit avec la peau très-tendre et très-luisante, ses sourcils un peu rapprochés et plus touffus à la naissance du nez, ses yeux bruns très-longuement fendus et peu