Page:Banville - Camées parisiens, s3, 1873.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 74 —

viendra jamais à arranger congrument la couronne de laurier. L’horrible Guerre au rouge panache mouvant a dévasté nos campagnes sanglantes ; vieux, nous avons repris le fusil et le harnais du soldat ; les meilleurs d’entre nous sont morts, hommes du peuple, ouvriers des métiers, princes aussi et ducs ayant dans leurs veines le brave sang de leurs aïeux, et aussi des artistes divins, tels que celui-là, si jeunes qui accourut pour remplir son devoir d’homme et de citoyen, rapportant dans sa prunelle l’éblouissement de l’Orient, et sous son front tout le chœur impatient des chefs-d’œuvre futurs. La balle qui l’a frappé au front nous a tous éclaboussés de son sang ; et ensuite, Paris a brûlé comme une allumette, sans même servir de prétexte à quelque Domitius à barbe de cuivre rouge, désireux de chanter un poëme lyrique sur la destruction d’Ilios. Continuons cependant de créer et de vivre selon nos petits moyens ; car la meilleure vengeance que Paris puisse tirer de l’Allemagne, c’est de s’obstiner à