Page:Banville - Camées parisiens, s3, 1873.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 128 —

droite ! La bouche petite, qui montre des dents d’une neige irréprochable et des gencives bien roses, encadrées dans des lèvres amusantes, bien dessinées, aimables et d’une belle pourpre, peut aussi s’ouvrir toute ronde comme un O initial dessiné pour les publications elzéviriennes, ou se fermer comme un bouton de rose ; mais, au repos, elle est jolie et distinguée, et s’accorde bien avec l’ovale élégant du visage et avec le petit menton, rond comme une pomme. Les féroces auteurs de Mademoiselle Silly se plaisent à la montrer costumée en Maguin, avec des robes à fleurs, à manches à gigots, des tabliers de soie, des coiffes et des tignasses frisées de villageoise de Fouilly-les-Oies, ou encore à la déshabiller en maillot de soie couleur chair, rose-thé pâle, sans lui laisser d’autre vêtement officiel que le caleçon brodé d’argent du clown américain. Cependant cette charmante personne, qu’ils déguisent ainsi en Gothon excentrique ou en faiseur de tours qui va se faire casser des pavés sur le ventre, porterait tout aussi bien qu’une