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l’arcade sourcilière et très-couvert par la paupière, est de ceux qui à la fois implorent et ordonnent ; il y a aussi de la supplication et de la tyrannie, du commandement et de la caresse dans les lignes du nez très-creusé à sa naissance, violent et indécis, à la fois aquilin et droit, et de la bouche menaçante et persuasive, dont seule la lèvre inférieure, rouge et charnue, se voit bien sous une moustache noire légèrement relevée en croc. La joue est large et la pommette saillante ; mais que peut être le menton, seul signe certain de la Volonté ? Comment le saura-t-on jamais, et comment saura-t-on jamais ce que cache cette large, épaisse et luxuriante barbe noire, qui ne laisse pas voir le visage comme celle du subtil meurtrier d’Argos, mais qui est touffue comme celle du Scapin italien et comme celle de Charlemagne ? Enfin, si jamais il coupe cette sombre forêt, sous quels traits verrons-nous apparaître Gambetta, et alors, comme le fabuliste disait du bloc de marbre de son statuaire, sera-t-il dieu, table ou cuvette ? Ce