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LES EXILÉS


Le Festin des Dieux


J’eus cette vision. Les siècles sans repos
Avaient passé dans l’ombre, ainsi que des troupeaux
Que le berger pensif ramène à leurs étables
À l’heure où, pour calmer nos maux inévitables,
Descend sur nous l’obscur silence de la nuit.
Dans le brillant palais du roi Zeus, reconstruit
Au sommet d’un Olympe idéal et céleste,
Je vis les Dieux. Vainqueurs de cet exil funeste
Que leur avait jadis imposé le Destin,
Ils étaient réunis dans l’immortel festin
Visible seulement pour le regard des sages,
Et l’orgueil du triomphe était sur leurs visages.
Tout ouvert sur le vaste azur mystérieux
Et laissant voir au loin les mondes et les cieux,
Le palais, reconstruit dans sa forme première,
Était fait de splendeur intense et de lumière.
Innombrables, penchant sur lui leurs fronts charmants,
Fixant sur lui d’en haut leurs yeux de diamants,