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LES EXILÉS


Tu modelas auprès de Polyclète,
Car tu n’ignorais rien,
Et tu sculptais des figures d’athlète
Avec ce Dorien.

Sur les gazons où rit la marguerite,
Des Dieux même enviés,
Ta claire enfance apprit de Théocrite
Les chansons des bouviers.

Avec Pindare aimant la sainte règle,
Aux oiseleurs pareil,
Tu fis monter les Odes au vol d’aigle
Vers le rouge soleil,

Et tu raillas avec Aristophane,
Par des mots odieux,
Le philosophe indocile et profane,
Vil contempteur des Dieux.

Et maintenant qu’avec des pleurs moroses,
Tristes, nous nous plaignons,
Tu reconnais sous les grands lauriers-roses
Tes anciens compagnons.

Pour que ta lèvre enfin se rassasie,
Dans le festin charmant,
Au milieu d’eux, tu goûtes l’ambroisie
En causant longuement.