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LES EXILÉS


Ô cher et sage paresseux !
Et tous deux pleins de jours ! Et voici qu’après eux
La tourmente emporte Brizeux !

Laisse-moi, laisse-moi le pleurer ! la nature
Allait bien à cette âme pure
Qui rêve maintenant sous une dalle obscure !

Gémissez, fleuves qu’il chanta,
Terre dont la mamelle auguste l’allaita,
Izol, et toi, riant Létâ !

Oiseaux, feuillages, mer à la voix de tonnerre,
Qui jettes un cri funéraire,
Enchantez son sommeil : il était votre frère !

Près de vous, au jour redouté,
Il se réveillera pour l’immortalité,
Brillant d’orgueil et de beauté.


Bellevue, juin 1858.