Je n’étais qu’un enfant joyeux
Lorsque tu vins, armé de l’arc mystérieux :
Alors je te suivis des yeux.
Et, tel que les héros à la belle chaussure,
Toi, tu lançais d’une main sûre
Les traits dont l’univers adore la blessure.
Savant artiste, comme moi
Tu chéris l’harmonie et son étroite loi :
Elle eut les trésors de ta foi.
Ô prodige inouï ! magnifique mystère !
Malgré ses liens, l’Ode austère
S’envole, et ses pieds blancs ne touchent pas la terre.
Qu’un esprit saturé de fiel
Boive à sa coupe, où brille un vin substantiel,
Elle l’emporte au fond du ciel.
En vain ses préjugés aiguillonnaient ses haines.
C’en est fait, il n’a plus de chaînes :
Tu le sais, fils béni de la mer et des chênes !
Ô Brizeux, nous pouvons mourir
Seuls, avant d’avoir vu les roses refleurir !
Mourons sans pousser un soupir.
Amoureux du vrai bien, notre lyre sonore
Saluait le feu qui colore
Au lointain rougissant la merveilleuse aurore.
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LES EXILÉS