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le sang de la coupe

Là, dans ces lieux où tout a des splendeurs divines,
Ondes, lumière, accords,
Nos yeux s’enivreront de formes féminines
Plus belles que des corps ;

Et tous les deux, parmi des spectacles féeriques
Qui dureront toujours,
Nous nous raconterons nos batailles lyriques
Et nos belles amours.

Vous cependant, mes fils, nés pour la poésie
Et l’ode aux flots vainqueurs,
Vous puiserez la joie au fleuve d’ambroisie
Qui coula de nos cœurs.

Comme, aujourd’hui rêveur près de quelque fontaine
Je redemande en vain
Le secret des amours de Marie et d’Hélène
À mon maître divin,

Vous redirez aussi les grâces d’Aurélie
Aux oiseaux de Cypris,
Au rossignol des bois, à la rose pâlie,
Au bleu myosotis !

Vous demanderez tous à mes vers de vous dire
Quelle fût la beauté
Dont mes rimes en fleur adoraient le sourire
De rose et de clarté !