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le sang de la coupe

Ô beau songe ! sonnet vivant !
Calice entr’ouvert que le vent
Jamais ne fane !
Sa main blanche comme le lait
Passe à travers le bracelet
D’une sultane !

Je vois sous les pâles duvets
Ses veines couleur des bleuets
Et des pervenches,
Ses ongles dignes de Scyllis,
Ses bras aussi blancs que les lys,
Ses mains plus blanches !

Et mon âme pleine et sans fond,
D’où parfois à mon œil profond
Monte une larme,
Partout attirée à la fois,
Demeure tremblante et sans voix
Sous tout ce charme !

Tels nous sentons, irrésolus,
De vivants désirs, qui n’ont plus
Rien de physique,
Couler en nous comme des flots
Avec le rhythme et les sanglots
De la musique.


Mai 1846.