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le sang de la coupe

Car cette maîtresse aux beaux yeux
Dans un poëme harmonieux
N’est pas éclose,
Ni dans ton marbre, ô Phidias,
Ni dans les grands yeux de Diaz
Ivres de rose !

C’est une femme aux yeux plus doux,
Vivante et qui peut, comme nous,
Dire : Je t’aime,
Mais qui sur son front sidéral
Porte le rhythme et l’idéal
Comme un poëme.

Ce n’est pas un rêve charmant
Qu’il faudra pleurer en fermant
Quelque cher livre,
Et cet ange aux ongles d’onyx,
Plus beau que Laure et Béatrix,
On le sent vivre !

On entend, parmi le satin,
Battre son cœur sous son beau sein
Dans sa poitrine,
Les rossignols, pleins de doux chants,
Peuvent écouter dans les champs
Sa voix divine,