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le baiser

Urgèle.

Je tâte votre habit, l’étoffe en est… Demain,
Nous causerons.

Pierrot.

Nous causerons. Demain ? Non. Seul avec tes charmes,
Je brûle. Ce grand bois est exempt de gendarmes.
Nous avons des bosquets exprès pour nous enclos,
Et ce toit de feuillage étouffe les sanglots.
Je baiserai vos bras, malgré votre sourire,
Madame, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.
C’est l’instant de te prendre et de te posséder.
Et, s’il faut parler franc, je désire broder
Des variations nombreuses sur ce thème.
Viens.

Urgèle.

Écoutez, Pierrot, je sens que je vous aime.

Pierrot, charmé.

Ah !

Urgèle.

Ah ! Mais raisonnons.

Pierrot.

Ah ! Mais raisonnons. Oui.

Urgèle.

Ah ! Mais raisonnons. Oui. J’habite avec mes sœurs,