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le baiser

Pierrot, à part.

Marchons ! Pierrot ! Je crois que le ciel se voila.

Urgèle.

Pierrot !

Pierrot, sans se retourner.

Pierrot ! Quoi ?

Urgèle.

Pierrot ! Quoi ? Le baiser.

Pierrot.

Pierrot ! Quoi ? Le baiser. Je…

Urgèle.

Pierrot ! Quoi ? Le baiser. Je… Le baiser.

Pierrot, prenant violemment son parti et donnant le baiser à Urgèle.

Pierrot ! Quoi ? Le baiser. Je… Le baiser. Voilà.

Urgèle.

Bien.

Sur ce dernier mot, Urgèle transfigurée apparaît sous les traits d’une Fée éblouissante de beauté et de jeunesse. Elle est vêtue d’une robe couleur de lune, brodée d’argent, ruisselante de pierreries et, comme un ciel, éclaboussée de flammes fleuries. Pierrot la considère avec une admiration stupéfaite.