Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
le baiser

Pierrot.

Et maintenant, mangez et buvez.

Urgèle.

Et maintenant, mangez et buvez. Le bon vin
Suave ! Il met dans la poitrine un feu divin.
Je me sens à la fois réchauffée et ravie.

Pierrot.

Tant mieux.

Urgèle.

Tant mieux. Aimable enfant, tu m’as sauvé la vie,
Quand je sentais déjà la mort et son garrot.
Comment te nomme-t-on ? Dis-le.

Pierrot.

Comment te nomme-t-on ? Dis-le. J’ai nom Pierrot.

Urgèle.

Maître de forges ?

Pierrot.

Maître de forges ? Non. Ma fonction est d’être
Blanc.

Urgèle.

Blanc. La blanc est joli. C’est propre. C’est champêtre,
Ainsi que l’aubépine et la fleur de pêcher.

Pierrot, modeste.

Oui, le blanc sied bien.