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ballades joyeuses

XXXII

Ballade
à la louange des Roses

Je veux encor d’un vers audacieux
Louer la fleur adorable et sanglante
Qui dit : Amour ! sous l’œil charmé des cieux ;
La fleur qui semble une lèvre vivante
Et qui nous baise, et dont la couleur chante
Dans ses rougeurs un bel hymne idéal.
Par ce matin vermeil de Floréal,
Je veux chanter le calice où repose
L’enivrement du parfum nuptial.
Sur toutes fleurs je veux louer la Rose.

La Rose ouvrait son cœur délicieux.
Dans les sentiers où verdissait l’acanthe
Tu la rougis de ton sang précieux,
Reine de Cypre, ô Cypris triomphante !
La violette est sa pâle servante.