Baisse les yeux ou danse la cordace.
Il fait des ducs avec la populace
Et des bergers avec des gens de cour ;
Glaçant la flamme, il échauffe la glace :
Le plus subtil ouvrier, c’est Amour.
Nous le voyons avec ses doigts agiles
Cousant l’habit vermeil des courtisans
Ou, fier sculpteur, pétrissant les argiles ;
Gueux qui mendie ou donneur de présents,
Sinistre, ou gai comme des vers luisants.
Pêcheur, il prend tout poisson dans sa nasse ;
Archer folâtre, il atteint dans sa chasse
Buse et colombe, alouette et vautour.
Joueur de luth, on le fête au Parnasse :
Le plus subtil ouvrier, c’est Amour.
Prince, Amour vaut Tartuffe et Lovelace.
Comédien et roi de la grimace,
Soldat, mercier, diplomate et pastour,
Il est tout ; nul métier ne l’embarrasse.
Le plus subtil ouvrier, c’est Amour.
Juillet 1869.