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ballades joyeuses

XXIV

Ballade
à sa femme, Lorraine

Mon cher amour, c’est presque à Domremi
Que te berça la plaine bocagère,
D’où ton courage et ton cœur affermi ;
Car tu naquis, ô bonne ménagère,
Dans le pays de la grande Bergère.
Comme au travail jamais tu ne pleuras
Ta peine rude et ne désespéras,
Dans la maison, régente et souveraine,
Tu fais tout luire, et toujours tu seras
D’un vaillant cœur, ô ma bonne Lorraine.

Quand nos Iris au teint pauvre et blêmi,
Pour garder mieux leur beauté d’étagère,
Traînent leurs pas d’un bel air endormi,
Toi, tu fais tout, lingère et boulangère,
D’une main forte à la fois et légère.