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trente-six

On voit passer une figure altière,
Et l’on entend au bord de la rivière
Un long sanglot, un soupir de regret
Et des pas sourds qui déchirent du lierre :
Diane court dans la noire forêt.

Diane, au bois récoltant ses trophées,
Entend le cerf gémissant fuir ses coups
Et se pleurer en plaintes étouffées.
Un vent de glace a rougi ses genoux ;
Ses lévriers, ivres de son courroux,
Sont accourus à sa voix familière.
La grande Nymphe à la fauve paupière
Sur son arc d’or assujettit le trait ;
Puis, secouant sa mouvante crinière,
Diane court dans la noire forêt.

Envoi.

Prince, il est temps, fuyons cette poussière
Du carrefour, et la forêt de pierre.
Sous le feuillage et sous l’antre secret,
Nous trouverons la ville hospitalière ;
Diane court dans la noire forêt.


Novembre 1861.