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trente-six

J’ai tant chéri ses regards enfantins,
Et les boutons de rose si mutins
Qu’on voit fleurir dans son corset qui bouge !
Sa lèvre est folle et ses cheveux châtains :
Vive Margot avec sa jupe rouge !

J’ai quelquefois grimpé dans son réduit
Où le vieux mur a vu mainte prouesse.
Elle est si rose et si fraîche au déduit,
Quand rien ne gêne en leur rude allégresse
Son noble sang et sa verte jeunesse !
Le lys tremblant, la neige et les satins
Ne brillent pas plus que les blancs tétins
Et que les bras de cette belle gouge.
Pour égayer l’ivresse et les festins,
Vive Margot avec sa jupe rouge !

Envoi.

Prince, chacun nous suivons nos destins.
Restez ce soir dans les salons hautains
De Cidalise, et je retourne au bouge,
Aux gobelets, aux rires argentins.
Vive Margot avec sa jupe rouge !


Février 1861.