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trente-six

Ses grands cheveux sont blonds, ne vous déplaise !
Et longs et fins, et lourds, par parenthèse,
À n’y pas croire. Ô la riche toison !
À la tenir on sait ce qu’elle pèse.
Le bon dieu gard’ ma commère Alizon !

Oh ! comme fuit cette enfance éphémère !
Mon Alizon, dont les cheveux flottants
Étaient si fous, regarde, en bonne mère,
Ses petits gars, forts comme des titans,
Courir pieds nus dans les prés éclatants.
Elle travaille, assise sur sa chaise.
Ne croyez pas surtout qu’elle se taise
Plus qu’un oiseau dans la belle saison,
Et sa chanson n’est pas la plus mauvaise.
Le bon dieu gard’ ma commère Alizon !

Envoi.

Avec un rien, on la fâche, on l’apaise.
Les belles dents à croquer une fraise !
J’en étais fou pendant la fenaison.
Elle est mignonne et rit quand on la baise,
Le bon dieu gard’ ma commère Alizon !


Juin 1861.