Les coteaux verts n’ont plus d’enchanteresse ;
On ne va plus suivre la Chasseresse
Sur l’herbe fraîche où court son lévrier.
Si, nous irons, ô Lyre vengeresse.
Pourquoi je vis ? Pour l’amour du laurier.
Et Galatée à la gorge d’ivoire
Chaque matin dit à Pygmalion :
Oui, j’aimerai ta barbe rude et noire,
Mais que je morde à même un galion !
Il est venu, l’âge du talion :
As-tu de l’or ? voilà de la tendresse.
Et tout se vend, la divine caresse
Et la vertu ; rien ne sert de prier ;
Le lait qu’on suce est un lait de tigresse.
Pourquoi je vis ? Pour l’amour du laurier.
Siècle de fer, crève de sécheresse ;
Frappe et meurtris l’Ange à la blonde tresse.
Moi, je me sens le cœur d’un ouvrier
Pareil à ceux qui florissaient en Grèce.
Pourquoi je vis ? Pour l’amour du laurier.
Juillet 1861.