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histoire de la ballade

chanson en strophes de huit vers, sans refrain, et qui se termine par une demi-strophe, dont voici le premier vers :
Dame, mercy, qui toz les biens avès.
N’est-ce pas là une forme d’envoi ?

Henri de Croï parle du Chant-Royal, mais brièvement et comme pour mémoire, après s’être longuement étendu et complu dans son analyse de la Ballade : — « Champt Royal, dit-il, se recorde aux Puys où se donnent couronnes et chapaulx à ceux qui mieulx le sçavent le faire ; et se faict à refrain, comme Ballades ; mais y a cinq couplets et envoy. »

« Comme Ballades, » notez cela : c’est peut-être là la marque de postériorité. Mais ne semble-t-il pas que, dans cette brève mention, Croï parle un peu ironiquement de la royauté des Puys, des couronnes et des chapeaux qu’elle confère ?

Le Chant-Royal pourrait donc n’être que la Ballade développée, et l’envoi de la pièce de concours ne serait qu’une application académique d’un usage déjà admis en poésie.

Estienne Pasquier, qui ne se prononce pas sur la question de priorité, dit seulement que le Chant-Royal convient mieux aux sujets graves et pompeux, et que la Ballade a « plus de liberté. »

Eh ! sans doute, la Ballade est libre. Elle n’est