fondu toutes les grâces de son éloquence et toutes les finesses de son esprit. Surtout il eût fait briller son adresse en ramenant heureusement à la fin de chaque strophe et de l’Envoi un même vers, refrain de ses doléances ou de son espoir. Il se fût bien gardé en outre d’entrelacer capricieusement les rimes masculines et les féminines, sachant que leur ordre est déterminé par des principes rigoureux desquels dépend la perfection de la Ballade. Voilà ce qu’aurait fait Vadius, en poëte exact et instruit des bonnes traditions ; et ainsi il eût rectifié d’avance la définition du dictionnaire de l’Académie qui, au mot Ballade, n’indique ni le nombre des strophes, ni leur mesure, et qui ne parle pas de l’Envoi.
Il va sans dire que cette Ballade supposée n’eût eu d’autre ridicule que celui de son auteur, de même que le Sonnet du carrosse ne fait rire qu’aux dépens de Trissotin.
La Ballade est donc un genre spécial, ayant sa forme propre, ses lois fixes et inviolables. C’est de plus un genre national, né du sol, non moins que le Rondeau né gaulois, ni que le Sonnet, invention des vieux trouvères, rapporté, et non apporté, de Florence par Du Bellay. Peut-être même est-elle l’aînée de l’un et de l’autre ?
Le premier traité de poétique imprimé en français, celui de Henri de Croï, publié par Antoine