Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
147
le sang de la coupe

Le Chœur.

Phœbos a-t-il encore à quelque téméraire
Confié pour un jour son char d’or et d’onyx ?
A-t-il promis d’avance et juré par le Styx ?
D’autre Nymphes en pleurs par un chant funéraire
Vont-elles consoler une autre ombre, et va-t-on
Voir tomber dans les flots un nouveau Phaëton ?
Pour une autre rivale aimante et préférée,
La déesse d’Argos, comme pour Sémélé,
A-t-elle empli de haine une feinte dorée ;
Et le roi Zeus, du haut de son nuage ailé,
Vient-il chercher encore, épouvantant nos âmes,
Une amante aux beaux yeux qui mourra dans les flammes ?

Hermès.

Déesses, pressez vos coursiers !
Plus vite que nos blancs ramiers
Et que notre rose courrière,
Laissez fuir vos chars de lumière !
Tandis qu’en vos cœurs palpitants
La colère met ses ivresses,
Pressez vos coursiers, ô Déesses !
Avec l’Euros et les autans
Laissez fuir vos chars éclatants !

Chœur des Femmes.

Quand Sémélé portait Bacchos dans ses entrailles,
Furieuse, et rêvant de promptes représailles,