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le sang de la coupe

Hermès.

Déesses ! pressez vos coursiers !
Il ne faut pas que vous laissiez
La Nuit arriver la première.
Laissez fuir vos chars de lumière !
Si le plaisir a peu d’instants,
Les heures comptent les tristesses.
Pressez voz coursiers, ô Déesses !
Les Heures ont courbé le Temps.
Laissez fuir vos chars éclatants !

Chœur des Hommes.

Ce feu ne meurtrira que la terre où nous sommes !
Quels que soient ces éclairs dont s’embrase le ciel,
Nous serons la victime offerte sur l’autel.
L’aube d’un jour fatal s’allume pour les hommes,
Car rien ne peut troubler l’Olympe radieux,
Et nous portons la joie et la haine des Dieux.
La race d’Ouranos frappe la race humaine.
Ainsi les cieux, par qui nous sommes éblouis,
Scintillèrent, vêtus de rayons inouïs,
Le matin de ce jour où le fils de Clymène,
Au milieu des clameurs de la terre en sanglots,
Funeste et foudroyé, s’abîma dans les flots.

Hèra.

Aglaïa, Thalie, Euphrosyne,
Vous qui savez donner le regard qui fascine,
S’il est vrai, sur l’Olympe aux ombrages dormants,
Qu’un jour je vous conçus dans des baisers charmants,