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le sang de la coupe

La querelle à présent reste entre les trois reines.
Hèra montre aux amours des splendeurs souveraines,
Pallas, belle comme les soirs,
A des regards d’azur dont nul cœur ne se sauve,
Et Cypris, secouant sa chevelure fauve,
Met des éclairs dans ses yeux noirs.

Éris.

Ainsi que les magiciennes
Composent d’amères liqueurs
En poussant des clameurs obscènes,
Ainsi j’ai des poisons vainqueurs.
C’est toujours le vieux sang rebelle
Qui gonfle ma rude mamelle,
Plein de ma haine, ardent comme elle.
Ah ! je brave les Dieux moqueurs
Quand je vois, malgré leurs outrages,
S’amasser de jalouses rages,
Et quand j’ai longtemps dans les cœurs
Épanché mon cœur plein d’orages !

Le Chœur.

Tressez vos chants divins, sœurs du dieu de Claros !
Le Nysien joyeux avec le chaste Éros,
La joie avec l’amour s’allie.
Thétis aux cheveux verts est épouse, et les Dieux
Ont quitté sans regrets l’Ouranos radieux
Pour les grands monts de Thessalie !