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le sang de la coupe

Pallas.

Ô mon père, Cypris est née au sein de l’onde
Vierge de pas humains,
Mais moi, je m’élançai de ta tête profonde,
Un glaive dans les mains,

Et je t’aidai pendant la guerre difficile
Contre les durs géants,
À les précipiter sous les monts de Sicile
Pleins de gouffres béants.

Seule, parmi mes sœurs de la guerre alarmées,
Tu sais ce que je vaux,
Et comme je contiens les phalanges armées
Et le frein des chevaux.

Quand le combat frémit, tu sais si je balance,
Ou si dans les sillons,
Les pieds sur les mourants, je verse avec ma lance
Le sang des bataillons.

Tu sais si, chérissant ma science rigide
Et ma virginité,
Je les préserve encor de mon horrible égide
Ainsi que ma beauté !

Hèra.

De nous tous les grands Dieux, toi le plus redouté
Sur les célestes cimes,
Toi qui, sûr de la force et de l’impunité,
Accumules les crimes,