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le sang de la coupe

Je viens vous dire au nom de toutes les familles
Pour lesquelles demain, grâce à vous, sera beau :
Merci pour les enfants et pour les jeunes filles,
Merci pour les vieillards courbés vers le tombeau !

Je viens vous dire au nom de celui qui déploie
Au-dessus de nos fronts le ciel immense et bleu :
En plaisirs, en bonheur, en délires de joie
On vous rendra cet or que vous prêtez à Dieu !

Car le pauvre, c’est lui. Sublime poésie
Que lui-même enseigna pour guide à la vertu !
Celui qui donne au pauvre un pain, le rassasie,
Celui qui donne au pauvre un manteau, l’a vêtu !

Mais ce pauvre, la chair de sa chair, et qu’il aime
Avant tous, l’indigent que le Christ appela
À s’asseoir dans le ciel à côté de lui-même,
N’aura besoin de rien tant que vous êtes là !

C’est l’hiver. Tout gémit dans la pauvre demeure.
Auprès de son vieux chien qu’il vient de rudoyer,
Le père tout pensif se tait, et d’heure en heure
Le pain manque à la huche et le bois au foyer !

Les petits, secouant leur chevelure blonde,
Disent : Qui soutiendra nos pas, faibles roseaux,
Si vous nous oubliez, mon Dieu, maître du monde
Qui donnez leur pâture aux petits des oiseaux ?