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le sang de la coupe

La Comédie.

Peuple, je suis la Comédie,
La Muse au sourire effronté,
Que fuit la sottise, assourdie
Aux carillons de ma gaieté.

Je suis la fille prophétique
Qu’un vendangeur, sous le ciel bleu,
Promenait jadis par l’Attique,
Ivre, et taché du sang d’un dieu !

Et, comme un roi foule en sa gloire
Un pavé d’or et de lapis,
Je posais nus mes pieds d’ivoire
Sur le chariot de Thespis !

Cruelle, avec Aristophane,
Contre le vulgaire odieux,
J’ai dans mes vers que rien ne fane
Raillé les contempteurs des Dieux.

Le doux Ménandre fut mon hôte,
Et mon babillage malin
A consolé le rêveur Plaute
À la meule de son moulin.

C’est à moi de chanter Molière !
Moi, la Muse aux graves leçons,
Qu’il a trouvée aventurière,
Errante à travers les buissons !