C’est qu’un homme, investi par moi de tout pouvoir,
Savant, ferme, si pur aussi qu’on puisse voir,
En se penchant sur lui, sa probité hautaine,
Comme un sable d’or sous le flot de la fontaine,
Et qui soit indulgent, et sache dire : Non,
Aille répandre au loin ces trésors en mon nom.
Qu’il soit doux pour tous ceux que tord l’angoisse amère,
Et qu’il ait, pour eux, la tendresse d’une mère,
Étant celui sur qui flotte l’ombre du Roi.
Un homme !
Tu l’as dit. Cet homme sera toi.
Qui, moi le maudit ! moi l’avorton ! moi l’esclave !
On verra sous l’or pur resplendir ton front hâve,
Et quand l’ardent soleil baisera tes cheveux,
Les peuples te verront, parce que je le veux,
Dans un tel appareil de puissance et de gloire,
Que tu seras comme un flambeau sur leur nuit noire.
Le passé devient songe, et si tu te souviens
De tes maux, ce sera pour t’en réjouir. Viens.
Nous allons puiser dans mon trésor, cher Ésope.
Mais sois prodigue. Agis en prince.
Adieu, Rhodope !