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littéraires, quand on voit bien réellement : Olympia, ou les Vengeances romaines, un vrai titre, impossible à inventer, imprimé en caractères vulgairement nommés têtes de clous dans l’idiome typographique ; quand on tient deux feuilles du format in-douze bien jaunies, presque noires vers la marge, marbrées par le temps ; puis dix pages dont l’étroite justification ne contient pas plus de dix-neuf lignes à vingt-trois lettres ; le fragment d’un véritable roman jadis édité par Maradan, un roman fait sous l’Empire, auctore incerto, sans nom d’auteur, petit livre qui reparaît comme dut reparaître quelque meuble de l’archevêché dans les filets de Saint-Cloud ?…

Je ne sais si vous parcourerez, avec autant de bonheur que je l’ai fait, les campagnes pittoresques de la nature littéraire, et si vous composerez avant la lecture des fragments que je transcris ici, la préface dont je me suis donné le divertissement. J’en doute. Il faut avoir bien médité le corps de cette œuvre inconnue pour en comprendre les haillons ; il faut être anatomiste pour s’amuser dans un cimetière !

Olympia, ou les Vengeances romaines ! À quelle époque vivait cette Olympia ? Était-ce sous les Tarquins, sous la République, sous les Césars ? Est-ce du temps des papes ? En quel siècle ? Puis est-ce une femme ? Sera-ce une nuit de sang ou de plaisir ? Il y a peut-être des coups de poignard et de l’amour tout ensemble ! Mais c’est un roman de l’Empire ! Il y aura quelque chevalier, ou des bardes, de froides allégories sous le schako d’un officier français. Peut-être n’y aura-t-il rien du tout.

Après une demi-heure de rêveries, j’avais fait mon Olympia. C’était une ravissante courtisane qui chaussait souvent la tiare, vendait toujours des barrettes, cotait les péchés, entretenait sa table avec les dispenses de mariages, et nourrissait ses chevaux avec les parties casuelles. Bonne fille, d’ailleurs ! rieuse, vindicative, et faisant tuer les gens qui la calomniaient. C’était du xvie siècle tout pur, et, j’oubliais que, sous l’Empire, les bibliophiles étaient au lycée occupés à fonder leur moyen âge. Alors, par une dernière réflexion, je fis d’Olympia la cause innocente de l’assassinat du citoyen Duphot.

Que d’erreurs ! Jugez ! Olympia était une duchesse romaine, duchesse comme Torlonia, le marchand de rubans, est duc ; duchesse par la grâce du pape, comme le roi était roi par la grâce de Dieu !… Voici l’ordre dans lequel je lus les maculatures :

Ici se place le fragment inséré dans la Muse du département ; cette réflexion seulement a été enlevée :

« Nous te bannirons parce que tu es Aristide le juste » est le mot d’ordre des journalistes, et tout le journal est là… Aristide était le précurseur de Socrate, Socrate celui de Jésus-Christ, Jésus-Christ l’éternel symbole des anges terrestres persécutés.

L’article se termine ainsi :