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Au reste, c’est à ses malheurs qu’il dut probablement sa gloire. Si Balzac était resté riche, il n’aurait été qu’un homme d’esprit original et fantastique, jetant sur le papier quelques conceptions avortées dont il aurait amusé ou ennuyé ses amis. La pauvreté lui imposa l’obligation d’un travail opiniâtre sans lequel il ne pouvait rien faire de bien ; car il produisait péniblement. Son génie se forma à cette rude école et le feu créateur jaillit sous la pression de la nécessité.

Retiré en province, j’avais tout à fait perdu sa trace. Ce fut seulement après plusieurs années que je retrouvai son nom sur la couverture du Dernier Chouan, le premier de ses romans qui aient commencé à le faire remarquer. Ce nom grandit rapidement ; ses ouvrages devinrent populaires ; il s’éleva à la célébrité. Mais, par cette raison même, je ne cherchai point à me rapprocher de lui. Je craignais qu’il ne me prît pour un de ces courtisans de la Renommée qui s’attachent comme des lichens parasites à tous les hommes en réputation. Je désirais pourtant qu’un hasard me le fit rencontrer ; mais le monde dans lequel il s’était lancé n’était plus le mien, et Balzac est mort sans que je l’aie revu depuis ma visite au faubourg Saint-Antoine.

Cet épisode de sa vie, auquel il a fait allusion dans la première partie de la Peau de Chagrin, caractérise parfaitement la fermeté opiniâtre de ses résolutions et sa persévérance dans le labeur obstiné auquel il a dû sa gloire et ses succès, mais où il a puisé le germe de la maladie dont il est mort dans la maturité de l’âge et du talent. Cette maladie était la même que celle à laquelle a succombé l’illustre et savant Burnouf, qui, dans une carrière bien différente, fut aussi victime de ces nobles excès qu’un écrivain distingué appelle l’intempérance du travail.

Confident des premières impressions de Balzac et de ses premiers essais, j’acquitte la dette d’un des souvenirs les plus attachants de ma jeunesse, en montrant par son exemple comment s’acquièrent ces grandes renommées littéraires que le monde envie, mais que bien peu d’hommes ont le courage d’acheter au prix qu’elles coûtent.

J. de P. (Jules de Pétigny.)

XVI. Étude sur Balzac, par Louis Lurine. La Semaine, 4 mai 1856.

XVII. Honoré de Balzac, par un anonyme. Revue française des 10 et 20 juin 1856.

XVIII. Honoré de Balzac, par Charles Bataille. Le Diogène, no 3, 4 août 1856.

XIX. Balzac journaliste, par Philibert Audebrand. Gazette de Paris des 8 et 15 novembre 1857.

XX. À propos d’un article inédit de M. de Balzac (le Monde comme il est, par le marquis de Custine. Voir tome XXII, page 239), par Louis Ulbach. La Réforme littéraire, no 1, 19 janvier 1862.

XXI. Balzac aux lanternes, par Eusèbe de Salles. La Presse, 4 octobre 1862.

XXII. Lettre à madame de Balzac, par Charles Monselet. Le Figaro, 6 novembre 1862.