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Un habit d’arlequin est réclamé par un pair de France !… Quoi, un seul ?… Ah ! l’honnête homme. Eh ! qui ne pouffera de rire en voyant un avocat célèbre déguisé en homme de courage et M. G…, en carmagnole, lui disant : « Tu as beau faire, tu as peur !… »

Puis l’Académie enveloppée dans les bandelettes d’une momie restant immobile dans une sorte de statu quo metterniquois… Oh ! comme on voit bien qu’elle a dû élire Viennet et refuser Benjamin Constant…

La Liberté sort de l’hôpital, soutenue par l’Avenir en charlatan, et par un vétéran dont la dégaîne historique est si admirablement bien rendue, qu’il y a dans cette figure toute une biographie inexorable. Ne rend-elle pas le dévouement sénile d’un amant fidèle jusqu’au tombeau ?

Le pape et la papesse dansant une valse sont de ces figures que rien ne saurait payer. La ravissante papesse ayant un vieux pape qui défaille entre ses bras et se retient de galoper… est peut-être une double épigramme : est-ce Rome qui chancelle devant un nouveau culte étourdi ?

Mais voyez les ruines de la Contemporaine, déguisée en Amour, faisant reculer un célèbre abbé revêtu des insignes de la folie, et qui néanmoins conserve assez de bon sens pour apercevoir, derrière lui, l’antagoniste de Lisfranc, le plus célèbre de nos chirurgiens qui redoute pour l’Avenir les suites de cette rencontre. Tout est là, même Rossini, qui joue un air à réveiller les morts. Mahieux prend le costume de Napoléon, et le plus gros citoyen de France considère la défroque de Charles X, pendue à un clou !…

Mais voici la création la plus prophétique ! Six jours avant les vengeances populaires, l’impitoyable dessinateur montrait l’archevêque tenant d’un bras la palme du martyre, de l’autre un verre de vin de Champagne, et faisant la nique aux vainqueurs de Juillet qui ont de grands nez.

Il y a dans tout cela des leçons pour tout le monde, et nous ne savons pas si l’expression du temps présent, lithographiée d’une manière si incisive, suggérera quelque pensée utile aux pantins politiques ; s’ils s’occuperont de redresser les griefs ; s’ils voudront voir ce qu’il y a entre les saint-simoniens et l’abbé de Lamennais, entre l’abbé de Lamennais et l’archevêque de Paris… l’anarchie, la royauté, les saturnales populaires !… un croque-mort !

Napoléon devenant la proie de Mahieux est la satire des déplorables tentatives que les vaudevillistes ont fait de mettre la colonne en pièces de six liards.

Nous sommes de notre avis, de l’avis de cette honnête et bonne Caricature, qui rit tant, tant et tant d’un député du centre laissant tomber ses brioches à l’approche de M. Mauguin, dont les discours l’effrayent, qu’elle laisse tomber elle-même son fouet et son bonnet. — Rideamus quoque !

17 février 1831.