Pacot. — Sapeur ?…
Le Sapeur. — Tu tournes l’œil en manière de question ? Je parie que tu vas me dire quelque bêtise !…
Pacot. — C’est-y vrai, sapeur, qu’on embête la colonne dans les meilleures sociétés de Paris ?…
Le Sapeur. — Embêter la colonne !… Ah ! je t’embête !…
Pacot, hardiment. — Oui, que l’on lui fait des pièces…
Le Sapeur. — Lui faire des pièces ?… On voit bien que tu ne la connais pas…
Pacot, s’entêtant. — Oui, des pièces de versification !… où l’on lui dit qu’elle est de bronze… que je l’ai entendu lire… Sapeur, faut pas vous fâcher, que il y est question de braise et de fournaise, et autres bêtises… de mirmidons.
Le Sapeur. — Des mirmidons !… (Il sourit.) Pacot…, que t’es bête ! tu ne sais rien de rien en politique. Tu vois ben, les journaux ?… Ils ont des colonnes. Manière de dire… Et là-dessus, on t’a fait un calembour pour t’embêter…
Pacot. — Non, sapeur, j’ai vu la colonne de la place Vendôme dans leurs colonnes, comme je vous vois.
Le Sapeur, faisant toucher sa barbe à Tacot. — C’est-y ma barbe ?… à moi ?…
Pacot, intimidé. — Oui, sapeur…
Le Sapeur. — Eh ben, si c’est ma barbe, ça n’est pas possible ! Et nom de nom de…, on t’a fait avaler une fière blague sans sel !…
Pacot. — Sapeur ?…
Le Sapeur. — Est-ce qu’on peut parler nationalement de la colonne !… Veux-tu que je te dise ce qui peut en parler ?… c’est trois cent mille hommes bien alignés, et avec de beaux sapeurs !… Mais il faudrait l’autre, avec ses mille canons… Voilà les pièces de versification de la colonne !… C’est là, tonnerre de Dieu, la voix de la colonne, et c’est pourquoi qu’on ne l’embête pas… Sans ça, les autres l’auraient bien embêtée…
Pacot. — Possible, sapeur !…
Trois gentlemen, venus de Londres pour présenter leurs respects au « citoyen des deux mondes », retournaient dans leur patrie, heureux d’avoir pu voir la révolution de Juillet au mois de septembre. Ils étaient tous trois pensifs, assis sur un