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avoir plus de confiance : les Petites Misères de la Vie conjugale ont deux divisions, assez semblables à celles des bains publics : il y a le côté des hommes et le côté des femmes. Toutes les fois qu’il s’agit de mariage, la part du diable et de la caricature est double. Désormais, pour éviter la monotonie, nous alternerons une petite misère du genre féminin avec une petite misère du genre masculin.
(Le Rédacteur en chef.)

Les chapitres x à xix (xviii et xix reparaissant comme inédits malgré leur première publication en 1830), et xxxix parurent pour la première fois, en 1845, dans le tome premier du Diable à Paris, deux volumes in-8o par divers auteurs, chez Hetzel. La scène était intitulée : Philosophie de la Vie conjugale à Paris ; Chaussée-d’Antin, et le début qui forme aujourd’hui le chapitre x, Observation, s’appelait alors : l’Été de la Saint-Martin conjugale ; De quelques péchés capitaux ; De quelques péchés mignons ; la Clef du caractère de toutes les femmes, et un Mari à la conquête de sa femme. Ce morceau, publié dans le Diable à Paris, parut encore en 1845, en un volume in-12, illustré, chez Hetzel, sous le titre de Paris marié, Philosophie de la Vie conjugale. Enfin, les chapitres xx, xxixxii (les deux paragraphes, le second compté comme inédit malgré sa première publication dans la Caricature non politique, en 1840), et xxv à xxxviii, parurent pour la première fois dans la Presse du 2 au 7 décembre 1845, précédés de la note que voici :

M. de Balzac a déjà fait, comme vous savez, la Physiologie du Mariage, un livre plein d’une finesse diabolique et d’une analyse à désespérer Leuwenhoeck et Swammerdam, qui voyaient des univers dans une goutte d’eau. Ce sujet inépuisable lui a inspiré encore un livre charmant, plein de malice gauloise et d’humour anglais, où Rabelais et Sterne se rencontrent et se donnent la main à chaque instant, — les Petites Misères de la Vie conjugale. La première partie de cet ouvrage, qui a paru chez Chlendowski, avec de spirituelles et comiques illustrations de Bertall, renferme tous les petits supplices intimes, les cent mille coups d’épingle que la femme peut infliger à son compagnon de boulet. On ne saurait rien imaginer de plus amusant, et à plus d’une page Bilboquet étonné dirait : Ceci est de la haute comédie. Celle que nous publions, et qui est inédite, fait pendant à la première ; seulement, les rôles sont intervertis : c’est la femme qui est le martyr. Tous les désappointements, les illusions qu’un Adolphe fait subir à sa Caroline sont décrits avec cette exactitude impitoyable, ce style incisif comme un scalpel, et cette perspicacité de lynx qui n’appartiennent qu’à M. de Balzac. — Mais hâtons-nous de lui céder la place : chacune de nos lignes est un vol fait au lecteur[1].

  1. La Correspondance de Balzac (voir page 162) fait connaître que ces lignes sont de Théophile Gautier.