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il a fait ce même changement chaque fois que cela fut possible dans toutes ses premières compositions lorsqu’il les fit entrer dans son œuvre complète, réunie et enchaînée.

Enfin, un autre fragment de cette œuvre parut dans la Revue de Paris du 27 mai 1831, sous le titre de : Le Suicide d’un poëte. Il commence dans l’édition définitive aux mots « La vie de dissipation » page 140, ligne 20 et se termine aux mots « furent protestées », page 147, ligne 36. Il était précédé, dans la Revue de Paris, des lignes suivantes :

Nous sommes heureux de pouvoir, par ce fragment, venir en aide à l’impatience publique, dès longtemps préoccupée de l’apparition de ce livre. Quelques lectures de salon lui ont donné, avant sa naissance, une immense renommée, que ne paraît pas devoir démentir le commencement de publicité qu’il reçoit ici. Vingt fragments pour le moins aussi remarquables étaient à notre disposition.

Un jeune homme, voué d’abord à une vie studieuse et solitaire, est tout à coup tiré de sa mansarde par le despotisme d’une première passion. Sa maîtresse est une femme du monde, vaine, opulente ; et lui, pauvre, sensible, naïf surtout, comme les hommes d’étude et de poésie qui ne se sont point encore usés par le frottement de la société. Son cœur, plein d’enchantements et riche d’illusions, se heurte à tout moment contre l’âme insensible et froide de la coquette. Dédaigné, déchiré, Raphaël de Valentin se décide à mourir. Une consultation mélancolique a eu lieu chez l’un de ses amis, homme de plaisir ; et, après avoir discuté les avantages, les inconvénients de tous les genres de mort volontaire, l’homme de dissipation propose à l’homme de solitude de périr en abusant de toutes les jouissances de la vie, en s’abrutissant. Mais, se trouvant sans argent tous deux, l’ami de Valentin va risquer au jeu leurs dernières ressources.

Par un artifice de composition qui oblige notre collaborateur à empreindre son œuvre d’une verve extraordinaire, Raphaël raconte ses malheurs au milieu d’une orgie. Ce récit de désespoir, tour à tour fantastique et réel, agité, coloré, brûlant, enivrant comme les flammes du punch, à la lueur duquel il est confié à un cœur compatissant, doit représenter une ivresse qui croît, qui grandit à chaque phrase.

Cette explication était nécessaire pour l’intelligence du fragment suivant, qui appartient à ce récit.

Nous publions ici un curieux article de Balzac lui-même sur la Peau de chagrin ; il parut signé du pseudonyme du comte Alexandre de B…, dans la Caricature du 11 août 1831 :