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1830, formant l’introduction des Mémoires de Sanson sur la révolution française, deux volumes in-8o, anonymes, chez Mame et Delaunay, dont les auteurs étaient Balzac et Lhéritier de l’Ain (voir aux Œuvres diverses les Souvenirs d’un Paria, qui forment la part de collaboration de Balzac dans ces volumes). Nous retrouvons pour la première fois ce récit dans les œuvres de son auteur en 1845, à la fin du tome IV de Modeste Mignon ; il fut aussi publié vers cette époque chez Janet, dans le Royal Keepsake, sous le titre d’une Messe en 1793, et il entra enfin en 1846, daté et dédié, dans la première édition des Scènes de la Vie politique (première édition de la Comédie humaine, tome XII). Dans toutes ces dernières versions, la fin est changée ; voici ce qu’on lisait primitivement, après l’avant-dernière ligne de la page 343, qui se termine par ces mots : « Collation préparée » :

Jusqu’à ce que le culte catholique eût été rétabli par le premier consul, la messe expiatoire se célébra mystérieusement dans le grenier.

Quand les religieuses et l’abbé purent se montrer sans crainte, ils ne revirent plus l’inconnu. Cet homme resta dans leur souvenir comme une énigme.

Les deux sœurs trouvèrent bientôt des secours dans leurs familles, dont quelques membres obtinrent d’être radiés de la liste des émigrés. Elles quittèrent leur asile, et Bonaparte, exécutant les décrets de l’Assemblée constituante, leur assigna les pensions qui leur étaient dues. Elles rentrèrent alors au sein de leurs familles et y reprirent leurs habitudes monastiques.

Le prêtre, qui, par sa naissance, pouvait prétendre à un évêché, resta dans Paris, et y devint le directeur des consciences de quelques familles aristocratiques du faubourg Saint-Germain. La famille de M… lui prodigua les soins d’une touchante hospitalité. Si, au bout de quelques années, il ne perdit pas le souvenir de l’aventure à laquelle il devait la vie, du moins il n’en parlait plus, occupé qu’il était des graves intérêts que le règne de Napoléon soulevait alors.

Vers la fin du mois de…, de l’année 180…, les parties de whist venaient de finir dans le salon de M. de***, et, après le départ de quelques personnes, il ne se trouvait plus autour du feu, vers onze heures et demie du soir, que deux ou trois amis intimes de la maison.

Après avoir commencé à parler de Napoléon, ces anciens gentilshommes osèrent se communiquer leurs regrets sur la chute du trône légitime. Insensiblement, la conversation roula sur les malheurs de la Révolution. Tous les assistants avaient émigré. Dans cette discussion souvent le vieil abbé de Marolles redressait quelques erreurs et prenait la défense de plus d’un révolutionnaire, non sans regarder avec attention autour de lui, comme pour s’assurer que les séditieuses paroles de ses interlocuteurs et les vœux monarchiques de deux ou trois vieilles femmes n’étaient point entendus par les oreilles que la police de Fouché clouait à toutes les murailles.

La prudence de l’abbé excita quelques moqueries, et l’on finit par le prier de