— Appelez-vous cela de l’avancement ? répondit-elle (madame de Rastignac) en souriant au milieu d’une tristesse profonde.
La jolie baronne avait les yeux humides et y passait les dentelles de son mouchoir.
— Qu’avez-vous ?
— Mon cher Nathan, dit-elle en me lançant un amer sourire, je sais un autre ménage où c’est le mari qui est aimé, et où c’est la femme qui est du Bruel.
J’avais oublié, comme cela nous arrive souvent à nous autres gens d’imagination, qu’après quinze ans d’une liaison continue, et après avoir, selon le mot de la Bourgoin, essayé son gendre, la baronne Delphine de Nucingen avait marié sa fille à Rastignac, que la vieille financière gouvernait entièrement cet homme d’État sans qu’il s’en aperçût, et que la jeune baronne de Rastignac avait fini par apprendre la dernière ce que tout Paris savait.
— Vous allez publier cela, me dit Nathan.
— Certes.
— Et le dénoûment.
— Je ne crois pas aux dénoûment ; il faut en faire quelques-uns de beaux pour montrer que l’art est aussi fort que le hasard ; mais, mon cher, on ne relit une œuvre que pour ses détails.
— Mais il y a un dénoûment, me dit Nathan.
— Eh !
— La jeune baronne de Rastignac est folle de Charles-Édouard. Mon récit avait piqué sa curiosité.
— Oui, mais la Palférine ?
— Il l’adore !
— La malheureuse !
Dans la version qui suit Honorine, un Prince de la bohème est divisé ainsi :
avec la cour.
une femme d’esprit.