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pensées, sujets, fragmens

Avant le mariage, l’enfance ; pendant l’enfance, l’éducation ; avant l’éducation, l’expérience — peu de pères se sont tirés de là.

Picart, prêtre de Dijon (1756), a soutenu dans une brochure que le lait de la mère est la seule nourriture possible de reniant et que toute autre le dénature. — La Reine Blanche avait donc presque raison. — Je ne sais pas ou plutôt je sais comment cela s’est fait, mais tous les grands hommes ont d’abord été pauvres, et l’on a cru que la pauvreté n’était la mère que des artistes et des vices. — Or personne n a encore remarqué que tous les grands rois ont été les élèves du malheur. Des scholiastes cloueront ici des noms, mais, pour le moment, voici ceux que je cite : Napoléon, Frédéric II, Henri IV, Louis XI, le prince Eugène ni Cromwell n’avaient le sou[1], Richelieu, Mazarin étaient à la lettre de pauvres diables. — Pour une princesse, Catherine II n’était pas riche. Quant à Catherine I, elle était la plus pauvre gourgandine de l’armée. Personne au monde n’a été plus au-dessous de ses affaires que ne l’a été César, puisqu’il est le seul qui ait acheté la couronne à force de dettes.

  1. Cf. Le Cabinet des Antiques (1836), VII. 27 : « Victurnien [d’Esgrignon] était arrivé soudain à la faiblesse des voluptueux, dans le moment de sa vie où, pour s’exercer, sa force aurait eu besoin du régime de contrariétés et de misères qui forma les prince Eugène, les Frédéric II et les Napoléon. »