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à s’y soustraire, ou par la fuite ou par quelque violente distraction. Toute souffrance morale est une sorte de maladie qui, ayant le temps pour spécifique, s’use et s’éteint d’elle-même comme tout ce qui est violent. Au contraire, si au lieu de la laisser se consumer lentement et sur place, on l’attise par le mouvement ou par des remèdes extrêmes, on gêne l’action de la nature ; on se prive de ce bénéfice d’oubli relatif, promis à ceux qui savent se laisser souffrir, et l’on en arrive à transformer en une affection chronique, dont les ravages pour être déguisés, n’en sont pas moins profonds, un mal aigu, dont on a contrarié la crise salutaire. L’imagination vient alors se mettre de la partie avec le cœur, et