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ressemblance de madame de l’Estorade et de Marianina serait, plus que nous ne l’avions cru jusqu’ici, facile à expliquer.

» Quand, après la triste cérémonie, nous revînmes à Ville-d’Avray retrouver madame de l’Estorade, Naïs me dit ces paroles significatives :

» — Même absent, M. de Sallenauve est encore, comme disait mon pauvre père, la providence de notre famille ; sa maison est aujourd’hui notre asile, et c’est par lui, monsieur, que nous vous avons connu, vous qui, dans notre malheur, avez été si secourable à ma pauvre mère. Si vous lui écrivez, à ce bon sauveur, dites-lui que je lui suis toujours bien reconnaissante, et que je veux reporter sur lui toute la tendresse que j’avais pour mon père.

» Vous voyez, cher ami, que ce sentiment tend à devenir sérieux et qu’il est temps d’y mettre ordre, car l’enfant a aujourd’hui quinze ans, et son langage longtemps enfantin arrive à se mettre au niveau de ses sentiments, qui ne le furent jamais. Je parlerai à madame de l’Estorade aussitôt qu’elle sera en mesure de m’entendre, et vous-même, si, comme je le pense, vous jugez convenable de lui écrire, ferez bien de vous expliquer avec elle sur vos dispositions, que les événements arrivés dans votre vie ne me paraissent pas avoir dû modifier.

» J’ai vu, il y a quelque temps, M. de Saint-Estève. Il me dit qu’il travaillait sérieusement à votre retour, mais que cela était plus long qu’il n’avait pensé. Rien n’a d’ailleurs grouillé du côté des Rastignac et des Maxime ; pour moi, vous savez ce que je vous suis. »


VII

RUE DE LA BIENFAISANCE


Trois mois plus tard, au mois de septembre 1841, c’est-à-dire juste un an après l’époque où Rastignac avait fait invasion dans les souterrains de la vie de Sallenauve,